vendredi 28 novembre 2008

Mon incroyable anniversaire : une émission nauséabonde et obscène

« Mon incroyable anniversaire », sur MTV, vous connaissez ?




Vous aimez ?




Vous êtes con.

Oui, désolé d’être aussi abrupte et de vous insulter de la sorte mais vous êtes con.
Je m’explique.

Mon incroyable anniversaire concentre tout ce que notre époque peut faire de pire… Comme à peu près tout sur MTV diront les mauvaises langues. Mais pour ceux qui ne situent pas bien l’émission, et même pour ceux qui connaissent, un petit topo s’impose.

Mon incroyable anniversaire (de son nom original « My Super Sweet 16 », en anglais) est une émission de télé-réalité venue des Etats-Unis. Les épisodes uniques se passent donc généralement outre-Atlantique mais il peut y avoir des exceptions puisque des épisodes ont été tournés en Grande-Bretagne.



Le concept : un(e) adolescent(e) (disons entre 15 et 20 ans – rarement plus) voit son anniversaire arriver. Avec son entourage, ils décident d’organiser une énorme fête pour l’occasion. Chaque épisode raconte les préparatifs et le déroulement d’une « party ».




Une cuillère en argent dans la bouche
On ne suit pas l’anniversaire d’une personne moyenne… avec un revenu moyen, disons. Ce sont des gosses de riches qui sont mis à l’honneur. Des enfants de familles fortunés (ou eux-mêmes fortunés comme Sean Kingston ou Chris Brown).
Ils ont de l’argent plein les poches. Ils en ont même trop. Et ils dépensent sans compter. Vraiment.

Ces enfants chouchoutés, gâtés, et pourris par le fric en veulent plus, toujours plus. Il faut que ça brille, que ça en jette. Et pour ça, ils font des caprices.
Presque à chaque fois, ils se voient offrir une voiture. Attention pas une Kia Picanto, pas une twingo, pas une Lupo. Bref, pas une petite voire. Ni même une moyenne. Ni même une grosse. Mais une très grosse. Une énorme voiture… ou non… Mais toujours très très chère. Ca peut être un cabriolet de marque allemande (choisissez la marque que vous voulez), ou un 4x4 (de grande marque toujours), une gigantesque berline (modèle +++++++) voire même un Hummer… Mais si vous savez, ces voitures issues de l’armée (et dont la construction s’est arrêtée d’ailleurs).
Bref, comptez 100.000 à 300.000 dollars la voiture. Pas de la merde, hein.

Anecdote caprice : une fille qui fait tout un cirque parce que sa mère lui a offert sa voiture de sport devant ses copines… Mais dans l’après-midi… Pas pendant la fête. Une fille qui, suite à cet événement, à déclaré – sur le coup de la colère, je vous l’accorde : « elle [sa mère] a gâché ma fête, ma soirée, mon anniversaire. Y’a rien qui va. Elle a tout fait foiré ! Je la déteste ! ». Rien que ça.

Autre symptôme : il faut briller. Et pour ça, il faut se fringuer ; correctement, cela va de soi. Alors on fait venir un styliste particulier qui a ramené dans ses valises les plus belles robes ou ensembles des enseignes de haute-couture. Pourtant, ça ne va pas. Ca ne va jamais. Et ils (ou elles) finissent toujours par choisir le truc le plus moche du lot… Un vêtement qu’ils trouvent toujours magnifique. Ah… le bon goût américain…

Bien sûr, on ne peut pas briller convenablement sans de gros bijoux bien bling-bling. C’est alors l’occasion de s’offrir des parures ou des bijoux à 10.000, 50.000 ou 100.000 dollars !!! Des trucs chers, qui scintillent mais qui, bien souvent, sont laids.

Ensuite, pour l’ambiance, il faut de la musique. Alors on fait venir des musiciens. A chaque fois, le bruit court selon lequel c’est Snoop Dog, Jay-Z ou Beyoncé qui va venir… Mais finalement c’est toujours des seconds voire des quinzièmes couteaux qui viennent. Peu importe, les invités sont toujours ravis.




« Une entrée de star »
Le moment crucial de la soirée et de l’émission, c’est « l’entrée », « l’arrivée » de l’ado et sa préparation. L’entrée est véritablement l’un des points les plus révélateurs de tout ce programme. Il faut du suspens, un truc gigantesque pour que toute l’attention soit focalisée sur l’ado. Il faut qu’il fasse une entrée de star. Il faut qu’il se sente une star, que cela soit digne d’une star. Il faut un jeu de lumière, une scène, un tapis rouge, des photographes etc. etc.
« C’est ma fête ! Ma soirée ! Je veux être au centre de l’attention ! Je veux qu’on me regarde ! »

« Ouah, c’était génial ! J’avais l’impression d’être une star ! Tout le monde a crié quand je suis arrivé. »

On prend les impressions des invités : « Elle est superbe ! » « Ouah, il est trop beau ! » « Trop sexy ! » « Canon ! ». Eh oui, il faut être beau, sexy, désirable, un canon de beauté.

A la fin, les invités repartent toujours enchantés en disant « ouais, c’était la meilleure soirée de l’année ! » « C’était la meilleure soirée de ma vie ! » « Jamais on pourra faire mieux que ce soir ! » « Best party ever ! »



L’essentiel
Mon incroyable anniversaire est une émission nauséabonde et méprisable.
Elle put l’égocentrisme extrême et stupide. Mais elle ne fait que montrer le mal de notre époque : chacun veut être une star. Pas une star grâce à des actions, des faits ou quoique ce soit. Non. Tout le monde veut être considéré comme un demi-dieu, mis sur un piédestal juste parce qu’il est. « Parce qu’ils sont » et non « PAR CE qu’ils sont»… Parce qu’ils sont de la merde !

Quoi de plus égocentrique que de fêter son anniversaire ? A noter, par exemple, que L’anniversaire est la seule fête que doit honorer un sataniste puisqu’il se célèbre lui-même et qu’il est lui-même son propre maître. A savoir que je n’ai rien contre le satanisme. Anton Lavey dit d’ailleurs beaucoup de choses pertinentes. Bref.
Non seulement les ados de « My Super Sweet 16 » se célèbrent eux-mêmes mais en plus ils le font avec une telle débauche d’argent qu’elle en devient indécente, et obscène !
Offrir une voiture surpuissante à 150.000 dollars à un gamin qui sait à peine conduire, c’est de la bêtise profonde. De l’irresponsabilité. Et une insulte à tous les nécessiteux.


L’épisode avec le chanteur Sean Kingston. Allez voir vers 2’50 lorsqu’il choisit ses bijoux…



Un épisode pathétique où la mère veut voler la vedette à sa fille (vers 6’). Grotesque.




Une fille sans aucun goût : il n’y a qu’à voir la robe qu’elle choisit… Et regardez vers 4’ lorsqu’elle balance des bouteilles-invitations à la mer et que gens sont assez stupides pour courir les chercher avec le sourire.

mercredi 26 novembre 2008

MGMT dans le Grand journal de Canal +

« Plaisir coupable » C’est ainsi que l’excellent magazine Noise a qualifié en clin d’œil le premier album de ces Américains qui ont été encensés de toute part, par les branchouilles, les bons et les plus couillons. MGMT. Un groupe aimé de tous…mais que j’ai du mal à détester et à ne pas trouver sympathique.






Transparents
Les New Yorkais étaient de passage le 26 novembre 2008 sur le plateau du Grand Journal de Canal +. Ils ont joué leur deuxième single, « Kids ». Les gus étaient déguisés en Amish et étaient entourés d’autres individus en tenues amérindiennes. C’était nul, moche. Presque horrible. Et puis scéniquement, c’était mou. Pire, les mecs n’avaient aucune présence, ils ne dégageaient rien. Malgré leurs costumes, ils étaient transparents.
Une prestation à laquelle je ne m’attendais pas et qui a pourtant réussi à me décevoir.


Soulagement
A leur décharge, les garçons ont déclaré, dans l’interview qui a suivi leur prestation, avoir fait « quelque chose de spécial » pour l’émission. Ouf, je suis soulagé pour eux. Ou plutôt les spectateurs.
Et effectivement, comme on peut le voir sur ces vidéos et comme on peut le lire dans les différents avis sur la toile, le groupe passe bien en live. Finalement, c’est simplement la chanson « Kids » qui n’est pas très « visuelle » sur scène.





http://www.dailymotion.com/video/x4i87g_mgmt-time-to-pretend-livemaroquiner_music
envoyé par Fa_Sol






http://www.dailymotion.com/video/x4i8c8_mgmt-kids-livemaroquinerie_music
envoyé par Fa_Sol

mardi 25 novembre 2008

La dictature des chiffres

Des chiffres partout. Des chiffres ici et là. En cascade. On s'abreuve de chiffres, on s'en arrose. On baigne dedans. On en bouffe matin, midi et soir. Y'en a marre.

Dans la vie politique française récente :
En ce moment, ce sont les chiffres (en plus des guerres d'ego) qui divisent le PS. 42 voix séparaient Segolène et Martine... Et maintenant on est en à 4. Blague. Cauchemar.
Il n'y a pas si longtemps, fin juillet, c'est la réforme de la constitution qui est passée à 2 voix près. Encore une histoire de chiffres. Serrés en plus.


Le moins pire
La question qui se pose, et qui s'est toujours posée, avec la démocratie est celle-ci : la dictature du nombre est-elle souhaitable ? C'est bien simple, avec ce système les plus nombreux l'emportent. Non, je suis pas contre la démocratie. Je veux en voir les limites pour l'améliorer. Aussi imparfait soit-il le système démocrate est la moins pire des choses. Mais de là à dire que c'est le meilleur... Il y a un gouffre.

Chiffres, charts et démocratie. Quand on voit les disques en tête des ventes, et quand on se dit que c'est le même genre de système (je caricature très grossièrement, hein) qui fait gagner ou perdre les individus qui nous dirigent, c'est assez effarant.

Par exemple au 8 novembre 2008, le classement des meilleures ventes d'albums était celui-ci:
1. Johnny Hallyday - Ça ne finira jamais
2. Christophe Maé - Comme à la maison
3. AC/DC - Black Ice

4. Bénabar - Infréquentable
5. Lynda Lemay - Allo c'est moi
6. P!nk - Funhouse
7. Grégoire - Toi + moi
8. Vincent Delerm - Quinze chansons
9. Soundtrack - High School Musical 3
10.Ayo - Gravity At Last

Excusez-moi mais quand je vois la quasi-totalité des bouses dans ce classement, je me rends compte que je suis autant dépité face à lui que face au spectacle politique français, ou plutôt face aux choix politiques des Français.

lundi 24 novembre 2008

Mais qu'est-ce que vous faîtes ????!!!????!!!!!

Rien de spécial à dire sur la situation au PS: tous les sites d'information le font très bien. Simplement ceci:

MAIS QU'EST-CE QUE VOUS FAITES????

La route, ou plutôt l'autoroute, est ouverte au locataire de l'Elysée qui risque bien de voir son bail se prolonger en 2012.

Non seulement le PS au bord de l'implosion (ou explosion, c'est selon) signifie une opposition insignifiante, ce qu'elle était déjà... Mais cela promet un mandat SARKO II...

Si le PS est en train de vivre la pire des situations en ce moment, nous, nous craignons de vivre le pire lors de la réélection de l'hyperprésident.

Alors vous autres de la rue Solférino, faîtes quelque chose et faîtes le vite parce qu'en tant que deuxième parti de masse français, vous êtes le seul moyen d'éviter ce cataclysme.

samedi 22 novembre 2008

Chinese Democracy: les Guns... ou presque

Chinese Democracy, est le nouvel album des Guns N’Roses. Quinze ans après The Spaghetti Incident ? , l’un des derniers grands groupes de ce que l’on appelle le « Hard Rock » remet le couvert… A ceci près qu’Axl Rose est le seul rescapé de la formation initiale.





Slash, le vrai leader
Axl Rose est un drôle d’oiseau. Talentueux mais capricieux, le chanteur n’a pas su mobiliser un line-up stable afin de donner vie à cet album promis depuis 1995. Alors que Slash et d’autres Guns sont allés reformer tranquillement Slash’s Snakepit et Velvet Revolver, Axl, lui, a piétiné pendant (très) longtemps, ruinant sa maison de disques de façon stérile. A ce titre, quand on voit la facilité avec laquelle Slash a su rebondir (relativement), on ne peut que faire ce constat : le guitariste chevelu était bel et bien le leader des GN’R ! N’en déplaise aux fans transis de Rose !



Un autre groupe, une nouvelle formation
Le disque est très différent des autres albums. Soit. Tant mieux. Les groupes qui font et refont le même album depuis 30 ans, comme Motörhead ou AC/DC, c’est sympa mais c’est lassant. Que les Guns N’Roses osent la nouveauté est une bonne chose, une chose saine. Je le pense, je le dis, je l’écris. Mais un groupe qui ne conserve qu’un seul membre original et qui prend une nouvelle orientation musicale… C’est un autre groupe. Une nouvelle formation. Une entité qui mérite un nouveau nom, sa propre identité. Appeler « Guns N’Roses » le groupe auteur de Chinese Democracy est une hérésie. C’est donner bien trop d’importance à Axl Rose. C’est considérer que ce dernier SUFFIT à faire les Guns. Je dis NON. NON.



Ca sent l’indus
Chinese Democracy est différent de tous les autres opus. Il sent l’indus. Pas étonnant quand on sait que Sean Beavan, qui a travaillé sur l’album, a collaboré avec Nine Inch Nails et Marilyn Manson. On pourrait même aller plus loin et oser dire qu’il y a quelques furtifs passages Kornien. Malheureusement, le parfum industriel de ce nouvel album ne prend pas - et à mon grand regret. Tout est fade et manque cruellement de saveur. « Tout ça pour ça », serait-on tenté de dire. Rien de bien transcendant. Rien de génial. Même pas du « sympa ». Rien de terrible. Juste du « pas terrible ». Alors évidemment, j’en vois déjà s’extasier, « ouais, c’est trop bon ! », « du vrai rock, enfin, en 2008 », blablabla… Niet.


Une marque qui fait vendre
Et attention ! Je ne dis pas que le GN’R 2008 est assez mauvais parce qu’il est différent… Un rip-off hard-rock 80’s aurait pu être tout aussi moyen. Si le GN’R 2008 est fadasse c’est parce qu’un groupe lambda qui sortirait ce même album ne ferait pas une vague. Il ne faut pas chercher plus loin : ça ne casse pas des briques… Bon peut-être une ou deux mais c’est tout. Pas plus. J’ai surtout l’impression que la maison de disques a cherché à jouer sur la « marque » Guns N’Roses. Une marque qui fait VENDRE, tout simplement.

vendredi 21 novembre 2008

Le choix du Club Med ?

Ségolène Royal est arrivée tête du premier tour ? Pourquoi ? Comment ? Je ne comprendrai jamais les militants socialistes. Où est le changement ? Peut-être est-ce moi qui ai du mal avec sa personnalité, sa façon de parler, de se poser ? Ségolène Royal qui cite du Jaurès à la fin d'un discours, ça sonne comme du Steevy Boulay sous acide: ça fait rire... Et à raison puisque c'est risible. Son spectacle m'insupporte. Pour moi, elle est tout sauf crédible. Elle ne m'inspire pas une once d'espoir. Je savais, depuis le début de la campagne pour les dernières présidentielles - et à mon grand désarroi, qu'elle allait perdre contre Nicolas S. . Mais qui en doutait ? En s'imposant comme premier secrétaire du PS, Sego va présidentialiser le parti. Ok. Et la perspective est la même: pas d'espoir pour 2012.

Je me plains, je critique... Mais si je regarde Barack de l'autre côté de l'Atlantique, ses meetings étaient ponctués de "Yes We Can" incessants. De question-réponse avec le public. Comme un MC sur scène qui ferait:

_ tout le monde dit He!

_ Hé!

_ Tout le monde dit Ho!

_ Ho!

_ EH OH!
_ EH OH!



etc.

etc.

Obama en meeting. Ce n'est pas la vidéo que je voulais. Mais allez voir vers 10'30.

Pour être franc, et malgré toute l'admiration que j'ai pour Barack, je trouve ça pitoyable. Ca fait Club Med. Je n'ai rien contre ce groupe... Quoique... Bref, le fait est que Club Med et politique sont deux choses diamétralement opposées. Qu'on utilise des méthodes d'animation de camping en vacances ne me dérange pas. Ce n'est pas ma tasse de thé, mais ca passe. Mais qu'on les utilise en meeting, ça me titille davantage. De même, les utiliser aux Etats-Unis, pays de la démocratie et de la politique spectacle, ça ne me choque pas. En revanche, que l'on commence à faire la même chose en France, c'est plus gênant.

Ah! J'ai trouvé. Ce n'est pas Ségolène Royal qui me gêne. C'est son style.

dimanche 16 novembre 2008

Noir Désir : la musique mais pas que...

C'était immanquable. Cette semaine, le retour de Noir Désir a été tout sauf discret. Un petit message sur leur site internet et deux titres mis en libre téléchargement ont suffi à faire trembler tous les médias et toute la blogosphère. Le site web était saturé. Il était quasiment impossible de downloader les deux chansons regroupées en un seul fichier. Depuis, les choses se sont calmées et vous pouvez maintenant obtenir ces deux titres en toute tranquilité.

Que dire de ces deux titres ? Deux inédits. Un titre original, "Gagnants - perdants" et une reprise du "Temps des cerises". Ma première impression: "oh! Ca fait du bien d'entendre du nouveau noir dèz' après tout ce temps." Quel plaisir de se dire que le groupe est sur le chemin du retour. On a cette impression que rien n'a bougé. Que ces années de parenthèses ont laissé les choses suspendues... prêtes à être (re)cueillies. Enfin, il faut tout de même noter que sur les deux chansons présentées, seule "Gagnants - perdants" mérite le détour. La cover de "Le temps des cerises" est si mauvaise qu'elle me fait penser à une reprise mal faîte d'un mauvais groupe de rock français lors de la fête de la musique. Mais si, vous savez ces groupes rock amateurs que l'on retrouve à tous les coins de rue le soir du 21 juin... Ces groupes aussi nombreux que mauvais.

Mais le drame de Vilnius est évidemment en fond. Il freine mon enthousiasme et en entâche mon plaisir. Comment puis-je apprécier la musique d'un groupe dont le chanteur a battu sa femme à mort ? Je ne peux pas. C'est abjecte. Tout simplement abjecte. Et dégueulasse. Et il est en liberté. Et il chante. Et je l'écoute avec plaisir. Mais comment est-ce possible? Normalement tout cela devrait me dégoûter et je devrais me dégoûter moi-même. Mais je n'y arrive pas.

Je devrais simplement parler de musique, d'une expérience esthétique. Non pas de morale. L'esthétique est-elle détachée de la morale, du politique et de toutes ces choses compliquées qui tapissent les idées et les actions des Hommes ? Je ne le pense pas, fondamentalement. Toutefois, il y a des cas où - je dois le reconnaître - je ne suis qu'un esthète. Parfois, c'est vrai, je m'accomode de la morale et de la politique d'un groupe et apprécie simplement sa musique. C'est faible. C'est lâche. C'est indéfendable. Je le reconnais.


Pour télécharger les deux chansons, cliquez ici

jeudi 13 novembre 2008

Non, les malades mentaux ne sont pas plus dangereux que les autres personnes!... Au contraire!

A Grenoble, un étudiant est mort après avoir été poignardé par un patient échappé d'un hôpital psychiatrique. Vous n'y avez pas échappé. Les médias vont encore se gargariser de ce fait divers tragique... Colportant l'idée reçue, la croyance selon laquelle les malades mentaux sont particulièrement violents et dangereux. Or s'il existe un lien, celui-ci va plutôt à l'inverse de cette prénotion. Les malades mentaux ne sont pas plus dangereux ou violents que les personnes "saines". Au contraire, comme le remarque très justement sur son site Internet l'association canadienne pour la santé mentale, "les gens atteints d'une maladie mentale sont plus susceptibles d'être la victime d'un acte de violence que de le commettre." Et elle ajoute "les recherches en cours démontrent que les personnes atteintes d'une maladie mentale grave sont 2,5 fois plus susceptibles d'être victimes d'un acte de violence que d'autres membres de la société." Un mise au point instructive.

Pour aller plus loin, il faut lire et relire cet article pertinent de Vincent Girard, intitulé "Pour en finir avec la schizophobie", paru dans Le Monde du 17 août 2008. Le psychiatre relatait une récente enquête du centre collaborateur OMS de Lille. "Cette étude réalisée sur plus de 40 000 Français, montre les amalgames forts qui existent dans les représentations sociales des Français entre meurtre, inceste, violence et folie et maladie mentale.", reprend-il. Sans parler de manipulation ou de "seringue hypodermique" médiatique, on ne peut nier le rôle effectif de la presse dans un tel cliché... Si on ne retrouve qu'un seul son de cloche dans la sphère publique, il ne faut pas s'étonner de l'entendre résonner dans les idées des individus. Surtout, si on ne retrouve qu'un unique point de vue dans la sphère publique, c'est que celle-ci fonctionne mal.

La vérité nous est rappelée par Vincent Girard: "environ 95 % des meurtres sont commis par des personnes n’ayant aucune pathologie mentale !"Il reprend également ce rapport publié en mars 2005 sous la direction de l’anthropologue Anne Lovell dans lequel il était écrit: “Le risque attribuable aux personnes malades mentales (…) est faible, les taux estimés sont encore bien moindres si l’on décompte les troubles liés à l’alcool.” Pis, dans le même sens que l'association canadienne pour la santé mentale, l'étude met en évidence le fait qu'à l'inverse du stéréotype, ce sont plutôt les patients psychiatriques qui sont victimes de violences: "La prévalence des crimes violents envers les patients psychiatriques est 11,8 fois plus importante qu’en population générale. La prévalence des vols sur personnes est ,quant à elle, 140 fois plus élevée. 40 % des personnes sans abri présentant une schizophrénie se sont fait agresser au cours des six derniers mois. Le risque pour une femme sans abri atteinte de schizophrénie d’être victime d’agression physique et de viol est tellement important que les chercheurs parlent d’expérience normative."

Bref, les médias, les politiques s'occupent en répandant et/ou en utilisant une idée reçue injuste et stigmatisante. Ils s'en délectent. Maladie mentale + Meurtre = une addition qui fait recette parce qu'elle fait réagir tant dans le public que dans les intervenants médiatiques. Et bien sûr, sur un cas si juteux, Sarkozy ne pouvait s'épargner une gesticulation, en appliquant sa sempiternelle méthode: "un problème ? Je vais vous trouver les responsables et les sanctionner." En effet, un communiqué de la présidence lance: "Cette mission aura pour objectif principal de déterminer les responsabilités de ce drame dans la perspective de sanctions éventuelles". Quant à "la réforme de l'hospitalisation psychiatrique" qui est appelée, elle entend se doubler d'un fichage. De toute façon, on le sait, cette réaction à chaud restera sans suite... Ou fera quelques remous dans le meilleur des cas.

mardi 11 novembre 2008

Séraphine, bouleversante Yolande Moreau

Inspirée d'une histoire vraie, "Séraphine" retrace le bout de vie artistique de celle maintenant connue sous le nom de Séraphine de Senlis.

Nous sommes dans la Picardie de 1912. Séraphine, incarnée par Yolande Moreau, gagne sa vie tant bien que mal avec des petits boulots ici et là ; elle fait des ménages, lave des draps pour 5 sous pièce... Elle vit seule dans un minuscule appartement, elle est pauvre. Si pauvre qu'elle marche pieds nus, faute de pouvoir s'acheter des souliers.


Les choses vont se mettre changer lorsqu'elle va commencer à faire le ménage pour Wilhelm Uhde, galeriste et marchand d'art Allemand, premier acheteur de Picasso et découvreur du douanier Rousseau. Depuis quelques temps, et alors qu'elle n'a jamais pris de cours, Séraphine peint; après une révélation de son ange gardien. Uhde va l'apprendre. Ebloui, il va devenir son mécène. Pour la peintre pieuse, c'est la promesse d'une nouvelle vie. Malheureusement, avec la guerre, Uhde fuit la France. Ils se perdent de vue. Ce n'est qu'une quinzaine d'années plus tard qu'ils se retrouvent et retravaillent ensemble. Séraphine s'est perfectionnée. Elle a fait des progrès inouïs. Emu, Uhde reste sans voix devant les toiles de sa protégée. Mais Séraphine perd peu à peu la tête. Sa piété empiète tout. Elle finit sa vie internée.

Martin Provost retranscrit parfaitement le calme vert de la campagne picarde du début du XXe siècle. Un environnement dans lequel Séraphine aime se promener, en humant l'herbe, l'air, en parlant aux arbres. Le film prend son temps et nous imprime son rythme. Celui du temps qui passe doucement, du vent qui souffle dans les feuilles, de la peinture qui se fait, de l'art qui naît. C'est l'occasion de découvrir l'oeuvre de Séraphine de Senlis. Une peinture primitive et moderne représentant des arbres et des fleurs. Des arbres fougueux, des ensembles de fleurs fauves. Une végétation enflammée et sublimée par le regard singulier de l'artiste.

L'interprétation de Yolande Moreau est bouleversante. L'actrice magnifie ce personnage souillon, crasseux et inculte. On boit ses rares paroles. On suit son allure gauche et chacun de ses mouvements aussi disgracieux que sa peinture est belle, en oubliant totalement que ce n'est qu'un rôle.

Du grand cinéma. Juste de l'art.

jeudi 6 novembre 2008

Le choix du frigidaire

Sarkozy et toute la majorité doivent se frotter les mains. En préférant la motion de Ségolène Royal, les militants socialistes ont facilité le travail de l'hyper président. On dirait que la base socialiste n'a pas compris la leçon. Alors que les Américains ont fait preuve d'audace en choisissant qui vous savez, les militants du PS ont choisi la nostalgie, pas l'espoir. Ségolène Royal était face à Sarkozy lors de la finale 2007... Avec le succès qu'on a connu. Ils en redemandent.

Si Bertrand Delanoë, soutenu par de vieilles têtes comme Jospin, Rocard et Hollande, n'incarnait pas vraiment le changement, il avait au moins le mérite de ne pas avoir perdu il y a un an et demi. Idem pour Martine Aubry qui, même si elle s'est alliée avec un vieil euro-allergique, Fabius, s'était faite discrète en restant dans son bastion lillois.

La surprise vient du côté de Benoît Hamon. Gonflé par la crise financière internationale, le jeune député européen, avec 19% des voix, s'affirme comme un incontournable de l'échiquier de la rose. Toutefois, la montée en force de ce véritable nouveau visage ne fait que souligner la division du PS, moins lisible que jamais, complètement aphone et impuissant, puisque coupé en quatre grande parts.

Surtout, le plus triste est de voir que le one (wo)man show politique paie. Que les "fra-ter-ni-té" paient. Et finalement, que les militants du PS préfèrent la fraîcheur du frigidaire à la moîte sueur d'horizons moins "déjà vu".

"Le jour d'après"

Hier était un jour historique. Ce jour n'est plus. Nous sommes celui d'après. L'élection de Barack Obama a ému une grande partie du globe. Un vent nouveau semblait souffler. Les gens se regardaient différemment. Enfin, je crois. Mais ce matin, les choses ont repris leur place. Rien n'avait bougé. Mon café au lait avait le même goût que d'habitude. Le ciel avait le même gris terne que tous autres les jours gris. Pas métallisé, pas brillant. Juste gris et moche.


Le clodo du coin était dans son coin. Toujours fidèle. Même pas un sourire en coin, même pas le regard lumineux. Juste les yeux dans le vague. Sans parler du pire: les transports. La grève fut rude. Rendant d'autant plus difficile ce lendemain de ferveur et d'espoir retrouvé. La promiscuité n'avait rien de fraternel. Les gens étaient fatigués, fermés comme des huîtres, ailleurs.


Le jour d'après, on a comme la gueule de bois. On redevient lucide, on retombe dans le quotidien. Les paroles et les images de la veille semblent lointaines et brumeuses. Comme dans un rêve. "I HAVE A DREAM".