mardi 11 novembre 2008

Séraphine, bouleversante Yolande Moreau

Inspirée d'une histoire vraie, "Séraphine" retrace le bout de vie artistique de celle maintenant connue sous le nom de Séraphine de Senlis.

Nous sommes dans la Picardie de 1912. Séraphine, incarnée par Yolande Moreau, gagne sa vie tant bien que mal avec des petits boulots ici et là ; elle fait des ménages, lave des draps pour 5 sous pièce... Elle vit seule dans un minuscule appartement, elle est pauvre. Si pauvre qu'elle marche pieds nus, faute de pouvoir s'acheter des souliers.


Les choses vont se mettre changer lorsqu'elle va commencer à faire le ménage pour Wilhelm Uhde, galeriste et marchand d'art Allemand, premier acheteur de Picasso et découvreur du douanier Rousseau. Depuis quelques temps, et alors qu'elle n'a jamais pris de cours, Séraphine peint; après une révélation de son ange gardien. Uhde va l'apprendre. Ebloui, il va devenir son mécène. Pour la peintre pieuse, c'est la promesse d'une nouvelle vie. Malheureusement, avec la guerre, Uhde fuit la France. Ils se perdent de vue. Ce n'est qu'une quinzaine d'années plus tard qu'ils se retrouvent et retravaillent ensemble. Séraphine s'est perfectionnée. Elle a fait des progrès inouïs. Emu, Uhde reste sans voix devant les toiles de sa protégée. Mais Séraphine perd peu à peu la tête. Sa piété empiète tout. Elle finit sa vie internée.

Martin Provost retranscrit parfaitement le calme vert de la campagne picarde du début du XXe siècle. Un environnement dans lequel Séraphine aime se promener, en humant l'herbe, l'air, en parlant aux arbres. Le film prend son temps et nous imprime son rythme. Celui du temps qui passe doucement, du vent qui souffle dans les feuilles, de la peinture qui se fait, de l'art qui naît. C'est l'occasion de découvrir l'oeuvre de Séraphine de Senlis. Une peinture primitive et moderne représentant des arbres et des fleurs. Des arbres fougueux, des ensembles de fleurs fauves. Une végétation enflammée et sublimée par le regard singulier de l'artiste.

L'interprétation de Yolande Moreau est bouleversante. L'actrice magnifie ce personnage souillon, crasseux et inculte. On boit ses rares paroles. On suit son allure gauche et chacun de ses mouvements aussi disgracieux que sa peinture est belle, en oubliant totalement que ce n'est qu'un rôle.

Du grand cinéma. Juste de l'art.

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