mardi 14 avril 2009

Rixe entre jeunes à Gare de Lyon : la nauséabonde survente journalistique

Un fait divers avec de jeunes banlieusards survendu par les rédactions. Sur les chaînes d'info en continu, on a parlé de "bandes rivales", chez Reuters - comme un peu partout - on a agité le spectre des bandes organisées.

Foutaises.
Peu importe si les bandes étaient rivales ou non, peu importe si elles se sont rencontrées de façon fortuite, il a fallu que des journalistes survendent l'info, la rendent "crado".

Rappel des faits : Mardi 14 avril 2009 vers 4h du matin, aux abords de la gare de Lyon, un jeune de 17 ans est décédé et deux autres grièvement blessés, suite à une rixe entre deux bandes.
Les deux bandes, l'une d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), l'autre d'Athis-Mons (Essonne), se sont rencontrées par hasard.
Certains jeunes étaient en vélib'. Un type est tombé. Les moqueries fusent en face. Le jeune maladroit se relève et jette son vélo sur les moqueurs. Bagarre générale... avec des armes blanches. A l'anglaise (les jeunes Anglais ont les poches pleines de couteaux, un phénomène récent et inquiétant).

La rencontre était "fortuite". Ils ne se sont pas donnés rendez-vous à l'aube pour se castagner.

Les mecs n'étaient même pas connus des services de police. Et pourtant, dans les infos, on a entendu des "bandes rivales", comme si ce fait relevait de la guerre des gangs : fantasme. Chez Reuters, on a tout de suite parlé de "bandes organisées", en faisant une mise en contexte sur les expéditions punitives de Gagny, Garges-lès-Gonesse, avec la batterie de mesures annoncées par Sarkozy... Encore un peu, il nous sortait des valises de coke et le grand banditisme. Ok, le matin-même Estrosi était sur le plateau d'iTélé. Ok, il faut faire des liens... Mais si l'intelligence est la capacité à faire des liens, certains ne sont pas opportuns et ne doivent surtout pas être survendus, sinon ils relèvent de la bêtise.

Sur iTélé, et LCI, ils ont survendu. Chez Reuters, c'est pire : Laure Bretton, Clément Dossin et Gérard Bon, et Sophie Louet en écrivent presque plus sur le contexte - sans lien avec l'événement - que sur l'événement même!

Je déplore la grave irresponsabilité des journalistes qui alimentent ainsi la stigmatisation des banlieues et de ses habitants, et entretiennent de fait le discours sécuritaire du petit Nicolas.

Aucun commentaire: