samedi 2 mai 2009

"Tokyo Sonata", de Kyoshi Kurosawa

Il n'est pas déplacé de qualifier "Tokyo Sonata", le dernier film de Kiyoshi Kurosawa, de sublime.

Dans le Japon d'aujourd'hui, le réalisateur originaire de Kobe fait la chronique d'une société à la dérive et d'une famille dans l'errance la plus totale.
Et vice-versa. Le père, directeur administratif, se fait licencier d'un claquement de doigt et n'ose le dire à sa femme. Il erre. L'aîné se cherche et pense se trouver dans l'armée. Il erre. Le second fils, lui, prend des cours de piano en douce et dit à sa prof' qu'il est triste et qu'il préfère souvent être seul. Il erre. La mère, elle, assiste à l'agonie de sa famille... Et ainsi à la sienne.

Le réalisateur montre des individus bousculés par une société occidentale - dîte civilisée - où la violence n'est plus guerrière mais n'en reste pas moins violente. Une violence sourde, profonde, à peine verbalisée mais criante, frappante par son aspect implacable. Une brutalité sociale, professionnelle, et - par irrigation - familiale. 

Une détresse relationnelle qui laisse l'enfant, l'ado, la femme, et l'homme tous aussi désemparés les uns que les autres. Malheureux chacun de leurs côtés, mais ensemble. L'individu est seul, atomisé face à un destin qu'il n'a pas choisi mais auquel il participe, avec lequel il collabore contre son gré.


Un film sublime et puissant, servi par une réalisation fine, soignée et sobre, où tout est toujours juste, bien senti, équilibré. Et, sans la dévoiler, c'est dernière scène qui va donner un écho creux à vos premiers pas et à vos premières pensées en sortant de la salle obscure.

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